Pur esprit
A quoi se raccrocher, dans le néant ? Lourèn Aditi n’est que pleurs, elle essaie d’imaginer la sensation des larmes sur ses joues, le nœud des sanglots qui étrangle sa gorge, mais elle n’a plus de joues ni de gorge.
Il lui semble entendre sa voix gémir : « Dieux de miséricorde, réveillez-moi de ce cauchemar. »
Sa voix, à l’intérieur d’elle-même.
Mais elle sait bien qu’il n’y a plus ni intérieur ni extérieur, qu’elle est désormais sans cris, qu’elle ne pourra pas appeler au secours, ni marteler la porte d’une prison matérielle, ni tambouriner jusqu’à l’arrivée d’un geôlier excédé.
Il m’a mise en réserve, se dit-elle, terrifiée. Il n’a tué que mon corps. Je suis sûre qu’il se sent à peine coupable. Qu’est-ce qu’un corps, sinon un amas de chairs reproductibles à l’infini ?
Peut-on survivre réduit à sa mémoire ? se demande Lourèn Aditi qui corrige aussitôt : ce n’est pas ma mémoire, non. Juste une copie. Kish Nergal, tu m’as bien assassinée, corps et âme. As-tu conscience d’être un meurtrier ?
Oui. Oh ! oui. « Ne m’oblige pas à te tuer », n’est-ce pas ce que tu disais ?
Caractéristiques
- Date de parution
- Prix éditeur
- Éditeur
- Collection
- Nombre de pages
- 01/09/2010
- 0,99 €
- 18 pages