Arthro
Quand je me réveille, j’ai mal, et je trouve un goût de rouille à ma bouche. Je porte une main tremblante à mes lèvres, touche à la source de la douleur, la trouve chaude, poisseuse, palpitante. Je regarde mes doigts, rouges de sang. Mes oreilles résonnent. Juste avant que je sois arrachée aux bras de Niki, il y a eu ce bruit géant de papier qu’on froisse et qu’on déchire…
Nikola ?
Je me soulève sur un coude et le découvre, affalé dans un angle de la cabine. Il a les yeux ouverts. Sa tête forme un angle impossible avec son cou. Silence. Cette brutale absence de bruit est plus atroce que le son qui s’accrochait encore à mes oreilles. C’est une colle épaisse où je m’enlise. Mon cri de déni m’en délivre.
Pas Niki ! Pas lui !
Je rampe jusqu’à mon ami, tire son corps à la tiédeur trompeuse, son corps trop mou, privé de souffle, son corps déserté. Sur mes lèvres, le sel de mes larmes dilue l’âcreté de mon sang.
Hébétée, je reste de longs instants penchée sur Nikola avant d’entendre des appels inquiets, au loin, dans la coursive. La cloison m’offre un appui providentiel pour me lever. Toute entière concentrée sur la source des voix, sûre de trouver bientôt auprès d’elle un réconfort, je refuse de m’interroger sur l’inclinaison des murs. Par chance, la porte n’est pas bloquée. Je hasarde quelques pas qui chancellent, Maritza me cueille d’une main ferme.
« Zoé ! Merci mon Dieu, tu es vivante !
– Niki… Nikola… »
Caractéristiques
- Date de parution
- Prix éditeur
- Éditeur
- Collection
- Nombre de pages
- 01/09/2010
- 1,99 €
- 25 pages