Alien bise
La planète luisait tel un saphir enchâssé dans la nuit. Massés devant le grand écran de la salle de contrôle, nous la regardions approcher.
« On dirait la petite sœur de Terra ! » s’est exclamé John Chamberlain d’une voix un peu rauque.
Nous avons tous hoché la tête. Notre pilote en second est une masse de muscles encline au romantisme ; pour une fois, son appréciation ne nous semblait en rien exagérée. La nostalgie nous serrait la gorge. Les années-lumière qui nous séparaient de notre système d’origine s’étaient abolies. Nous avions l’impression de rentrer chez nous.
Plus près, le globe azuréen s’est marqueté de bruns, de verts, de panaches immaculés. L’espace d’un instant, il a pris l’apparence d’une sphère-cocktail de Globe-trotter. À ce moment, j’aurais pu tendre la main pour le saisir et le gober.
Alors, sentir sa délicieuse explosion rafraîchir et picoter mes papilles, l’ivresse de la stimulation sensorielle s’emparer de moi, le flux et reflux des images, l’assaut des sensations surprises…
La planète a grossi dans l’écran de contrôle. Elle m’échappait. Quelque chose s’est crispé dans mon ventre comme je découvrais le dessin étranger de ses côtes.
Fermer les yeux, tenter de retenir l’image fallacieuse du monde originel. Trop tard. L’illusion s’est enfuie.
Dieynaba Diop a tourné vers nous son visage d’ébène aux traits de médaille précieuse. Pour être un as de la programmation, notre belle Africaine n’en est pas moins férue de culture antique. Elle a battu des cils avec ce naturel qui tour à tour m’agace et me ravit, puis elle a dit dans un souffle :
« Gaïa… Appelons-la Gaïa. »
Caractéristiques
- Date de parution
- Prix éditeur
- Éditeur
- Collection
- Nombre de pages
- 01/09/2010
- 0,99 €
- 19 pages