Démons et merveilles de la science fiction
Superman est un demi-dieu, Barbarella une belle sorcière. Entre l'astronef, le tapis volant et les ailes brûlantes d'Icare, la forme diffère, non le fond. Les shambleaux, mutants vénusiens de la science-fiction sont pétris de la même substance que les korigans, les dragons et les sirènes des vieux mythes berceur de l'humanité. Hier méprisés, dénigrés par les beaux esprits qui ne lui concédait, du mot littérature, qu'un L bien minuscule, la science-fiction vient de conquérir ses lettres de librairie : c'est le moment que choisit Henry Gougaud, grand amateur de fantastique et questionneur impénitent, pour avancer que, peut-être, elle n'existe pas, si ce n'est comme la version contemporaine des contes et légendes d'autrefois si bien tissés de tous nos phantasmes. Là où nous croyons découvrir d'imaginatives échappés vers les mystères de futurs lointains, il n'y a peut-être qu'un miroir, toujours le même, où se réfléchissent les grands archétypes de l'inconscient collectif. « Le mot science, dit Henry Gougaud, ne doit pas tromper. La science, dans le conte moderne, n'est que l'actuel charpente de symboles perpétuels gravés à jamais dans nos profondeurs, un décor éphémère pour une éternelle histoire, la nôtre. » Il nous emporte à travers le Space Opéra. Mais tout au bout du voyage, c'est la belle au bois dormant, qui, inlassablement, attend.